Laureydane O.

Je suis passée d'une carrière dans la finance à celle de magistrat!

J'ai fait des études de droit pour être magistrate. Après avoir échoué au concours, j'ai travaillé 12 ans dans le domaine privé. D'abord dans le secteur des difficultés des entreprises, ensuite en assurance-crédit et enfin dans le secteur bancaire. Ma carrière était très ascendante mais l'idée de devenir magistrate ne me quittait pas. J'ai donc passé à 36 ans le concours complémentaire et intégré l'Ecole Nationale de la Magistrature. J'ai été affectée en qualité de substitute du procureur de la République de Soissons (02) puis d'Arras (62) et je suis actuellement secrétaire générale de la procureure générale d'Amiens. Pas un jour ne passe sans que je me réjouisse de ce changement de carrière.

Je suis le bras droit de la procureure générale.

En plus de représenter la société et de porter l'accusation au cours des audiences de second degré de juridiction devant les différentes chambres de la cour d'appel (chambres correctionnelles, de l'instruction, des mineurs, de l'application des peines et commerciale) et devant la cour d'assises, j'assiste quotidiennement la procureure générale dans la gestion, le fonctionnement et l'administration du ministère public du ressort de la cour comprenant sept parquets.

Ne jamais savoir ce que me réserve ma journée!

Les missions du ministère public sont extrêmement variées. La gestion de la permanence notamment, au cours de laquelle le magistrat doit décider jour et nuit d'orientations sur toutes les privations de liberté de son ressort ainsi que sur tous les évènements pouvant caractériser une infraction pénale (crimes et délits flagrants mais également tout décès inexpliqué, tout évènement inhabituel incluant une atteinte aux personnes ou aux biens) constitue une des missions les plus stimulantes. La direction d'enquête opérée par le ministère public permet des rapports étroits avec les forces de police et de gendarmerie, au plus proche de leur action sur le terrain. Les magistrats du parquet interviennent à l'audience dans des domaines tellement variés que la lassitude n'intervient jamais. Des tâches rédactionnelles de fond nécessitant le maniement technique de la règle de droit font aussi partie de notre quotidien. Enfin, le constat de notre action sur la vie des justiciables peut être fait chaque jour et cela est très satisfaisant.

Devenir magistrat n'est pas si difficile qu'on le pense!

Je vois trop de très bons étudiants ou de très bons professionnels du droit renoncer aux concours d'entrée à l'Ecole Nationale de la Magistrature parce qu'ils pensent que ceux-ci sont trop difficiles. Ils ne sont pas faciles certes, mais pas inatteignables non plus. De nombreux très bons magistrats ont connu un ou plusieurs échecs avant d'intégrer l'école, ils ont persévéré sans se décourager. Etre magistrat est une affaire d'engagement et ceci dès la préparation du concours. L'engagement admet l'échec mais il n'admet pas le recul par peur de l'échec. Tant qu'il vous reste une chance, donnez-vous à fond car sinon vous le regretterez.

Je participe à un monde meilleur.

La formule est pompeuse, mais c'est réellement le cas. Je cherchais une utilité sociale en devenant magistrate, je l'ai trouvée. Et même si les efforts de la veille doivent chaque jour être renouvelés, j'ai en tête quelques noms de justiciables croisés au cours de ma carrière qui méritent bien l'énergie que je mets à servir la Justice.