Trouver sa voie et l'épanouissement dans la fourmilière des concours
Après mon bac, je suis rentrée à Sciences Po Bordeaux avec le souhait de passer les concours de la fonction publique. J'avais de fortes convictions pour le service public, qui selon moi, apportait une réponse satisfaisante aux difficultés sociales, garantissant les choix de la cohésion, de la solidarité et les valeurs de progrès social qui me sont chères.
Mais plus spécifiquement, j'ai choisi d'intégrer l'IEP pour y préparer le concours de directrice d'hôpital. Cependant, grâce à des stages, ce secteur m’est apparu comme une hyper structure où le directeur n’a finalement qu’une marge de manœuvre assez mince sans pour autant avoir de véritable contact avec les usagers.
A l'inverse, je me suis retrouvée en phase avec les métiers du social, davantage au contact de l'usager en difficulté : celui de directrice d'établissement et de service sociaux. J’ai donc recherché des expériences variées dans le domaine, en multipliant les stages de découverte afin de me découvrir moi-même. C'est de cette manière que j'ai connu le métier de directrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) au ministère de la Justice et que j'ai passé le concours.
J’ai trouvé dans ce métier un équilibre entre les fonctions de direction auxquelles j’aspirais et le lien avec le terrain et les usagers qui me stimule.
Je pilote un service qui accompagne les mineurs en conflit avec la loi
En tant que directrice à la PJJ, ma mission principale est de piloter mon service pour l'emmener à sa destination finale : aider les jeunes en conflit avec la loi et en danger à trouver une place dans la société.
Le directeur a ainsi plusieurs casquettes.
Je manage une équipe de cadres de proximité sur deux départements. Etre directeur à la PJJ, c'est se remuer les méninges et se challenger au quotidien pour emmener les équipes dans des changements institutionnels plus ou moins acceptés. J'ai donc été particulièrement amenée à approfondir la question du management à distance, de l’agilité et de l'intelligence collective. C'est un rôle de pilote d'avion ou de capitaine d'équipe au quotidien, au centre du collectif de travail qu’il doit stimuler.
Le mode projet est une seconde nature dans ce métier. Notre mission vise l'amélioration continue de la qualité de la prise en charge, il faut savoir développer son service et porter des projets. J’ai pu accompagner les équipes à concrétiser les leurs. Sens pratique, gestion du stress, pragmatisme et leadership sont des savoir-être, acquis dans ma pratique sportive et associative, que je mets à contribution dans ce domaine.
Au quotidien, j’ai également le souci de garantir la continuité du parcours du mineur et d’inscrire la Protection judiciaire de la jeunesse dans les politiques publiques. Mon but est d'impulser une politique de partenariat pour développer les articulations avec les acteurs du secteur géographique d’intervention.
Mais piloter un service public, c'est aussi optimiser les moyens, veiller à une bonne organisation du service et viser une amélioration continue de la qualité de la prise en charge. C'est également veiller à la santé, à la sécurité et aux bonnes conditions de travail des agents placés sous notre autorité, leur donner les moyens nécessaires pour faire leur travail et toujours se lancer des défis. Le directeur de service peut se sentir isolé dans sa fonction et soumis à diverses contraintes, entre pression de l’administration, complexité du management des équipes et public aux multiples problématiques.
Pour autant, c'est un métier riche, passionnant, malgré son âpreté, avec une fiche de poste bien fournie. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas mais sont assurément remplies de moments de vie intenses.
Contribuer à un projet qui a du sens pour notre société
Etre directrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, c'est savoir qu'on contribue chaque jour à l'amélioration de notre société.
C'est également se lancer des défis professionnels et avoir la possibilité d'explorer ces idées originales pour monter des projets qui sortent des sentiers battus. Ce qui m'anime dans mon métier, c'est de pouvoir monter des projets ou accompagner les équipes éducatives à concrétiser des projets innovants au bénéfice des jeunes que l'on suit : auto-éditer une BD avec des récits de vie bouleversants écrits et dessinés par les jeunes, construire un dispositif d'insertion renforcé, organiser un forum sport santé pour les jeunes, monter un projet boxe éducative ou équithérapie. En près de 15 ans de pratique, j'ai eu des dizaines de projets à concevoir et à porter, du simple projet d'activité avec des jeunes, aux plus gros projets de création d'un nouveau service. Je suis amenée à coordonner de multiples acteurs.
J'apprécié également le fait de devoir me challenger au quotidien. Dernièrement, j'ai embarqué mon équipe dans un challenge d'économies d'énergie pour un service public eco responsable. Trouver des leviers d'action, co construire, impulser des changements dans les pratiques ou mettre en place localement une orientation nationale sont des actions qui me stimulent au quotidien et donne beaucoup de sens à mon métier. Avoir l'opportunité de développer des projets innovants et d'emmener les équipes dans cette aventure me motive toujours autant, plus de 15 après mon entrée à la PJJ !
La curiosité n'est pas un vilain défaut : saisis les opportunités
Maintenant que je peux porter un regard rétrospectif sur le cheminement qui fut le mien, je prends pleinement conscience de l’importance décisive des stages, même de courte durée, car rien ne vaut la rencontre avec des professionnels et la découverte de leur quotidien pour savoir dans quelle voie on s’engage et éviter les erreurs d’orientation.
De plus, comme le dit l'adage, "la valeur n'attend point le nombre des années". Ose, lance toi, sois curieux et multiplie les rencontres professionnelles pour découvrir les différents métiers et les opportunités.
Créer un dispositif d'insertion pour les jeunes en grandes difficultés
En 2019, nous nous sommes lancés dans l'expérimentation d'une nouvelle mesure pour accompagner les jeunes en marge de tous les dispositifs d'insertion, avec un éducateur dédié. A force d'implication, 5 ans plus tard, nous ouvrons un service spécifique avec 4 professionnels, ce qui va nous permettre de répondre aux besoins d'accompagnement très renforcé pour un public très en difficulté. Et ca fonctionne ! Récemment, un des jeunes pris en charge sur ce dispositif, et que le service suit depuis 4 ans, qui cumulait de multiples difficultés, vient de signer un CDI ! C'est une grande satisfaction pour l'ensemble du service et on se dit qu'on ne travaille pas pour rien.
Le métier de directeur est très varié, comme peut en témoigner la dernière réalisation dont je suis fière. en 2023, j'ai inscrit mon service à un concours d'économies d'énergie, et nous avons réussi, en un an, à générer plus de 15% de consommation en moins, sans faire de travaux, mais en s'appuyant sur l'intelligence collective. Ce défi a renforcé la cohésion d'équipe et amélioré la qualité de vie au travail.
Ces deux exemples récents donnent du sens à mon travail.